GO DE NUIT : UNE EXPO D'ELIANE DE LATOUR

LES PROSTITUÉES D’ABIDJAN : UNE EXPOSITION PHOTO ÉTONNANTE
Jusqu’au 2 février l’espace Cosmopolis à Nantes accueille une exposition photographique sur les jeunes prostituées d’Abidjan.


"Tout a commencé par une hésitation photographique en 2008 devant le visage de Nafissa. Elle était assise sur le seuil d’un hôtel de passe à Abidjan, dans un ghetto de fraîchenies (fraîches) où des filles de 12 à 24 ans se rassemblent pour trouver des clients. Elle me souriait, j’ai appuyé sur le déclencheur. Elle a pris une autre pose, j’ai suivi en silence.

Par son attitude, Nafissa m’a guidée vers le portrait dont, le lendemain, j’ai rapporté les résultats tirés sur papier. Les réactions euphoriques des autres filles m’ont incitée à continuer dans cette voie avec celles qui, à leur tour, voulaient passer devant l’objectif. J’ai compris que cette image se substituait à celle qu’elles avaient d’elles mêmes à travers le prisme social qui les renvoie à la souillure et au mépris. Elles ont posé avec confiance et fierté. Elles sont autres, elles veulent le faire savoir.
En acceptant de sortir de la clandestinité, les go d’Abidjan offrent à la conscience du monde toutes celles qui existent par milliers sur les cinq continents."

Eliane de Latour




A propos d'Éliane de Latour, Cinéaste et anthropologue
Eliane de Latour, anthropologue au CNRS et cinéaste, s’est mise au documentaire après sa thèse, en alternant les tournages en France et en Afrique tout en continuant à écrire.

Elle finit par glisser vers la fiction pour entrer dans les mondes de ceux que l’on repousse derrière des frontières physiques ou sociales. Ceux qui cherchent à vivre avec et sans la société qui les exclue : réinvention de l’espace et du temps, résistance, petites conquêtes de liberté, nouvelles formes de liens humains.

Chacun de ses films a été précédé d’une enquête de terrain, nourrie de rencontres, de regards croisées et d’apports réciproques. Elle n’a pas plus, pas moins, de proximité avec des détenus parisiens, une communauté islamique, des personnes âgées en Cévennes, des femmes Hawsa ou des jeunes ivoiriens.
Mais à chaque fois, le temps, la réflexion, l’amitié rendent possible la construction d’un projet dans lequel chacun se reconnaît.

« En travaillant  sur les individus relégués, j’aborde la question des échappées, réelles ou fantasmées, qui accompagnent les recompositions sociales dans ces zones liminaires. Je traite du déplacement, du mouvement virtuel, des exils imaginaires à l’opposé de l’immobilité et de la dépendance où l’on réduit ces populations. La seule vision économique des problèmes sociaux mutile la complexité humaine en jeu. Loin d’une « masse », on a affaire à une diversité des parcours individuels. De la relégation aux nouvelles formes de conquêtes, émergent des sujets moraux acteurs de leur propre destin. »


Trois ans après ce premier sourire de Nafissa, un livre (Go de nuit, éditions Taam'a) et une exposition photo mettent en lumière un phénomène mondial, celui des filles qui fuient des zones de précarité ou les zones de guerre pour vendre leur corps au sein des mégapoles.



Cette exposition a pour but de collecter des fonds pour les ‘’Go’’ d’Abidjan. Mais également que les visiteurs prennent conscience que les femmes en photos ne sont que des ambassadrices de la cause, que ce phénomène de prostitution de survie est présent partout dans le monde et qu’il faut se mobiliser !


INFORMATIONS PRATIQUES
L’exposition est gratuite et présentée jusqu’au 2 février 2013 à l’espace Cosmopolis, 18 rue Scribe à Nantes. Ouvert du lundi au vendredi de 13h30 à 18h et du samedi au dimanche de 14h à 18h.


Article inspiré par celui de Karine Parquet pour le site www.prun.net
Crédit photo : Eliane de Latour

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